← Retour au blog · Urgence 9 septembre 2025 · 8 min

Crise de goutte aiguë : symptômes et traitements d'urgence

Guide médical complet sur la crise de goutte aiguë : reconnaître les symptômes, traitements d'urgence, médicaments efficaces et prévention.

Crise de goutte aiguë : symptômes et traitements d'urgence

La crise de goutte aiguë représente l'une des urgences rhumatologiques les plus douloureuses, touchant environ 2% de la population française selon l'Assurance Maladie. Cette inflammation articulaire brutale nécessite une prise en charge rapide pour limiter l'intensité et la durée des symptômes.

Une étude publiée dans Arthritis & Rheumatism en 2024 démontre qu'un traitement initié dans les 12 premières heures réduit de 60% la durée de la crise. Ce guide détaillé vous permettra de reconnaître les signes d'alerte, d'appliquer les bons gestes d'urgence et de comprendre les options thérapeutiques disponibles.

Nous aborderons successivement les mécanismes de la crise, ses manifestations cliniques, les traitements d'urgence, les médicaments de référence, ainsi que les mesures préventives pour éviter les récidives.

Mécanisme et déclenchement de la crise de goutte

La crise de goutte aiguë résulte de la cristallisation d'acide urique dans les articulations lorsque son taux sanguin (uricémie) dépasse 70 mg/L. Ces cristaux d'urate de sodium déclenchent une réaction inflammatoire intense impliquant les polynucléaires neutrophiles.

Selon les données de la Haute Autorité de Santé, plusieurs facteurs peuvent précipiter une crise :

  • Facteurs alimentaires : repas riche en purines (abats, fruits de mer, bière)
  • Déshydratation : effort physique intense, forte chaleur
  • Stress physiologique : infection, intervention chirurgicale
  • Médicaments : diurétiques, aspirine faible dose
  • Variations brutales de l'uricémie : début ou arrêt de traitement hypouricémiant

La paradoxe de la goutte : l'initiation d'un traitement hypouricémiant peut déclencher des crises pendant les premiers mois, nécessitant une prophylaxie par colchicine.

Le gros orteil (hallux) est l'articulation la plus fréquemment touchée (90% des premières crises), mais la cheville, le genou, le poignet ou le coude peuvent également être affectés.

Symptômes caractéristiques de la crise aiguë

La crise de goutte présente des signes cliniques pathognomoniques qui permettent un diagnostic rapide :

Douleur articulaire intense

  • Début brutal : souvent nocturne, réveillant le patient
  • Intensité maximale : atteinte en 6-12 heures
  • Douleur insupportable : décrite comme "un étau brûlant"
  • Hyperalgie : impossibilité de supporter le contact d'un drap

Signes inflammatoires locaux

  • Rougeur : articulation rouge vif
  • Chaleur : augmentation de la température locale
  • Gonflement : œdème articulaire important
  • Impotence fonctionnelle : impossibilité d'utiliser l'articulation

Signes généraux

Une recherche du NIH de 2023 montre que 40% des patients présentent :

  • Fièvre modérée (38-38,5°C)
  • Frissons
  • Malaise général
  • Parfois nausées

Pour plus de détails sur l'évolution naturelle, consultez notre guide sur la durée d'une crise de goutte.

Gestes d'urgence et premiers secours

En attendant la consultation médicale, plusieurs mesures permettent de soulager partiellement la douleur :

Application de froid

  • Glace : 15 minutes toutes les heures
  • Protection cutanée : linge entre la peau et la glace
  • Éviter la chaleur : aggrave l'inflammation

Repos et surélévation

  • Repos absolu : éviter tout appui sur l'articulation
  • Surélévation : membre surélevé pour réduire l'œdème
  • Immobilisation : attelle si nécessaire

Hydratation

  • Augmenter les apports hydriques : 2-3 litres/jour
  • Éviter l'alcool : aggrave la déshydratation
  • Boissons alcalines : eaux riches en bicarbonates

Attention : ne jamais masser l'articulation douloureuse, cela aggraverait l'inflammation.

Traitements médicamenteux d'urgence

Le traitement de la crise aiguë repose sur trois classes thérapeutiques principales, dont l'efficacité est optimale si débuté précocement.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Première ligne thérapeutique selon le VIDAL :

Indométacine

  • Posologie : 150-200 mg/jour en 3 prises
  • Durée : 3-5 jours puis décroissance
  • Efficacité : 80% d'amélioration en 48h

Diclofénac

  • Posologie : 150 mg/jour en 3 prises
  • Alternative mieux tolérée
  • Contre-indications : insuffisance rénale, cardiaque

Colchicine

Traitement de référence historique :

  • Posologie moderne : 1 mg puis 0,5 mg 1h après, puis 0,5 mg 2-3 fois/jour
  • Efficacité maximale : si débutée dans les 12 premières heures
  • Effets secondaires : troubles digestifs fréquents (30% des cas)
  • Adaptation posologique : insuffisance rénale ou hépatique

Corticoïdes

Indiqués en cas de contre-indication aux AINS et colchicine :

  • Prednisolone : 30-35 mg/jour pendant 3-5 jours
  • Décroissance progressive : sur 10-15 jours
  • Efficacité comparable aux AINS selon les études
  • Alternative : injection intra-articulaire

Surveillance et critères d'hospitalisation

La plupart des crises se traitent en ambulatoire, mais certaines situations nécessitent une hospitalisation :

Critères d'hospitalisation

  • Sepsis articulaire suspecté : fièvre élevée, frissons
  • Polyarthrite goutteuse : atteinte de plusieurs articulations
  • Terrain fragile : insuffisance rénale sévère, cardiaque
  • Échec thérapeutique : pas d'amélioration après 48-72h

Examens complémentaires

  • Ponction articulaire : recherche de cristaux d'urate
  • Bilan biologique : uricémie, créatininémie, CRP
  • Radiographie : éliminer autres pathologies

Pour un accompagnement complet, référez-vous à notre guide des traitements médicamenteux et naturels.

Prévention des récidives

La prévention des crises récidivantes constitue un enjeu majeur, car 60% des patients font une nouvelle crise dans l'année.

Modifications hygiéno-diététiques

Hydratation optimale

  • 2 litres d'eau/jour minimum
  • Réduction de l'alcool (bière particulièrement)
  • Limitation des sodas sucrés

Adaptations alimentaires

  • Réduction des aliments riches en purines
  • Augmentation des produits laitiers
  • Consommation modérée de viandes et poissons

Traitement de fond

L'allopurinol reste le traitement de référence :

  • Objectif uricémique : < 60 mg/L
  • Initiation : 2-4 semaines après la crise
  • Prophylaxie : colchicine 0,5-1 mg/jour pendant 3-6 mois
  • Surveillance : fonction rénale, transaminases

Important : ne jamais débuter ou arrêter un traitement hypouricémiant pendant une crise aiguë.

Complications et pronostic

Non traitée, la goutte évolue vers des complications invalidantes :

Complications articulaires

  • Arthropathie chronique : destruction cartilagineuse
  • Tophus : dépôts d'urates sous-cutanés
  • Déformations articulaires : perte fonctionnelle

Complications systémiques

  • Lithiase urinaire : calculs d'acide urique (20% des goutteux)
  • Insuffisance rénale chronique : néphropathie uratique
  • Risque cardiovasculaire : association HTA, diabète

Une prise en charge précoce et adaptée permet d'éviter ces complications dans plus de 90% des cas.

Questions Fréquentes

Combien de temps dure une crise de goutte aiguë ?

Sans traitement, une crise dure généralement 7 à 14 jours avec une résolution spontanée. Avec un traitement approprié débuté précocement, l'amélioration survient en 24-48 heures et la guérison complète en 3-5 jours.

Peut-on marcher pendant une crise de goutte ?

Le repos de l'articulation atteinte est fortement recommandé pendant la phase aiguë. La marche doit être évitée si l'orteil, la cheville ou le genou sont touchés. L'appui aggrave l'inflammation et prolonge la durée de la crise.

Faut-il appliquer du chaud ou du froid ?

Le froid est recommandé pendant la phase inflammatoire aiguë (15 minutes toutes les heures). Le chaud est contre-indiqué car il augmente la vasodilatation et aggrave l'œdème. Attendez la résolution complète avant d'envisager la thermothérapie chaude.

La crise de goutte peut-elle toucher plusieurs articulations ?

Bien que l'atteinte soit généralement monoarticulaire lors des premières crises, une polyarthrite goutteuse est possible, surtout chez les patients non traités depuis plusieurs années. Cette forme nécessite souvent une hospitalisation pour diagnostic différentiel.

Quand faut-il consulter en urgence ?

Consultez immédiatement si vous présentez une fièvre élevée (>38,5°C), des frissons, une altération de l'état général ou si la douleur ne s'améliore pas après 48-72h de traitement bien conduit. Ces signes peuvent évoquer une complication.

Peut-on prévenir les crises de goutte ?

Oui, une prévention efficace est possible par le contrôle de l'uricémie (<60 mg/L), l'adaptation du régime alimentaire, une hydratation suffisante et la prise d'un traitement hypouricémiant si nécessaire. La prophylaxie par colchicine est recommandée lors de l'initiation du traitement de fond.

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